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Dans ce blog, il sera question de publier toutes les réflexions, articles, commentaires et opinions à caractère socio-économiques, politiques, culturels et religieux.


Attention… ne rêvez pas… Kabila est un calculateur froid !

Publié par Gabriel MANZUKULA Mjrrdcongo sur 23 Juillet 2016, 10:17am

Catégories : #Actualite, #Politique, #International

Par trois fois, Kabila est passé au-dessus de la barre de bonne sortie et s’est refait à chaque fois une nouvelle santé politique.

Dès son accession au pouvoir, le jeune Président a été soumis à un apprentissage accéléré pour sa mise à niveau comme homme d’Etat confronté à la difficile gouvernance d’un grand pays en conflit armé interne combiné à une agression ouverte de deux de ses pays voisins.
Ensuite il a été mis à la rude épreuve lors de négociations de Sun City, au cours desquelles il s’est forgé une maturité politique en s’émancipant de ses parrains Kabilistes, au motif que ces derniers, dans leur calcul machiavélique, voulaient davantage laisser pourrir la situation politique et sécuritaire du pays en plein délitement et décomposition. Enfin, il a connu la difficile épreuve de gestion de la transition 1+4 de 2003 jusqu’à 2006, moment où il a pris son envol pour s’affirmer comme candidat indépendant par rapport à sa majorité politique lors de deux élections présidentielles de 2006 et 2011.

A ces trois épreuves à l’issue desquelles le Président Kabila a toujours évité de se laisser prendre de court par les événements incontrôlés, souvent contre l’avis de sa propre majorité politique, s’ajoutent trois autres plus stratégiques que politiques , car le Président Kabila se refuse toujours d’engager toute voie suicidaire pouvant conduire à la violence populaire. Même aujourd’hui, il peut encore surprendre sa majorité encline à un forcing soit pour un glissement de son deuxième mandat, soit pour un coup d’Etat institutionnel ou militaire.

Le jeune Kabila qui avait accédé au Pouvoir en 2002 n’était pas Chef d’Etat-major Général des Forces Armées de la RDC, mais un Chef d’Etat-major des forces terrestres, sorti d’un front militaire en perte à Pweto. Personne ne lui accordait le plus petit temps de grâce.
Il n’était pas non plus actif ou visible dans le sillage politique du Président Laurent Désiré Kabila.

Dès son entrée en fonction, il est livré au pouvoir un peu comme par
une force d’ aspiration devant un grand vide politique que laisse le
Président Laurent Désiré Kabila. Il prend petit à petit la mesure de
la lourde responsabilité qui pèse sur lui et il est bercé entre
l’abandon et son maintien au poste, surtout que parmi de nombreux
camarades de lutte de Laurent Désiré Kabila, il ne bénéficiait ni
d’estime, ni de sympathie particulière. Il ne comptait que sur une poignée de Kabilistes convaincus qui lui accordait soutien et encadrement politique, pour faire asseoir son pouvoir et assurer le bénéfice de sa survie politique. Il doit mettre en place des structures politiques dans un environnement qu’il
connaissait à peine et trouver des acteurs politiques et sociaux, dont
la loyauté devait se bâtir sur base de confiance mutuelle et de
partage des risques.

L’AFDL et le CPP enterrés

La première tentative d’organisation politique se fait avec la
création du PPRD qui prend le contre-pied de l’AFDL et du mouvement
populiste CPP ayant dominé la scène politique pendant la durée du
régime Laurent Kabila. Le nouveau Président se donne l’avantage
d’encourager l’entrée en politique de nombreux cadres universitaires
et des entrepreneurs du secteur public et privé.

A la sortie officielle du PPRD, il est remarqué que les membres de
son Bureau Politique et du Conseil National se connaissaient à peine,
mais tout au moins des noms remarquables s’affichaient et la haute
classe de nouveaux hommes politiques était de mise. C’est ainsi que le
Président Kabila forge une nouvelle élite politique aux allures
petites-bourgeoises contrastant étrangement avec les révolutionnaires
kabilistes d’avant.

Il faut se dire que le Président Kabila s’est même tapé froidement le
culot d’écarter les bonzes de l’époque Laurent Kabila et de s’afficher
dans sa nouvelle posture d’un Chef d’Etat qui ne doit rien aux anciens
Kabilistes.

C’est ici le lieu de signaler que le Président Kabila n’a pas rêvé
pour imposer sa propre ligne politique et n’a épargné personne de
l’entourage de Laurent Désiré Kabila pour consolider son pouvoir.
Ce qui a prévalu hier peut toujours se reproduire aujourd’hui,
lorsque son pouvoir se trouve menacé par ses proches qui ne
comprennent et ne lisent pas les signes de temps. Ou encore mieux,
lorsque ces derniers se bernent de l’idée de forcer le Président
Kabila à procéder à un coup d’Etat institutionnel contre une
démocratie qu’il a lui-même bâtie en faveur d’un peuple souverain dans
un Etat de droit.

A cette même époque, du côté de l’opposition au régime de Laurent
Désiré Kabila, il se dessinait une alliance entre les deux grands
mouvements insurrectionnels, dont le RCD dans ses fractions émiettées
au Grand Kivu et à l’Ituri-Uele, au Nord Katanga et le MLC à la
Tshopo et dans presque toute la Province de l’Equateur et une grande
partie au Sud de la Province de Bandundu en jonction avec certains
territoires du Kasaï Occidental, ainsi que quelques zones
excentriques du Kasaï Oriental (Sankuru et Kabinda), avec de nombreux
regroupements politiques de l’opposition politique non armée,
principalement l’UDPS et le PALU et bien d’autres.

Le régime 1+4

Devant cette impasse politique, il ne lui restait que l’option d’une
négociation avec l’opposition armée et non armée comme seule voie de
sortie et le nouveau Président s’est engagé dans cette voie pour
obtenir l’Accord de Sun City avec l’aide de la communauté
internationale.

Personne encore ne pouvait lui donner la chance d’y aboutir, mais il
s’y est donné jusqu’à accepter de partager le pouvoir avec ses
protagonistes pendant une période de transition qui a duré près de
trois ans. De nombreux tenants du pouvoir gouvernemental de l’époque
se sont sentis perdus, mais lui a gagné une bonne rallonge politique.
Cette deuxième grande épreuve politique, où le Président Kabila
commence avec la gestion de la Transition quadripartite de quatre
Vice-présidents s’est avérée encore plus rude et la cohabitation était
l’exercice le plus laborieux pour quelqu’un issu de la discipline
militaire où l’ordre de commandement est hiérarchisé. Même dans cette
nouvelle épreuve, personne ne lui donnait la chance de s’en sortir.
Mais, il s’en est quand même tiré avec quelques écueils d’impuissance
à la suite du jeu d’influence entre les grands leaders et d’énormes
gaspillages dans la gestion de la chose publique, ainsi qu’une faible
cohésion nationale tant au niveau social que politique.

Nouvelles alliances sous-régionales

La troisième épreuve se situait au niveau régional, où il devait
gagner la paix avec ses anciens agresseurs, tous deux grands alliés de
pays occidentaux. Il a déployé une stratégie d’élargissement de
l’ancien espace régional des Grands Lacs à trois pays pour celui de
onze pays membres de la Région des Grands Lacs. Il y aura donc dans
cette nouvelle organisation sous-régional, de nouvelles entrée à la
mesure des enjeux, où l’on trouve deux anciens pays agresseurs
(Ouganda et Rwanda), auxquels vont s’ajouter les neuf autres pays de
l’Afrique Centrale, dont deux pays de l’Afrique de l’Est (Burundi,
Kenya), trois pays à l’Ouest (Congo-Brazza, Angola, RDCongo) et deux
pays au Nord (RCA, Sud-Soudan).

A l’issue de ces négociations sera signé et ratifié par tous les pays
membres le Pacte sur la Paix, la Sécurité, la Stabilité et le
Développement dans les Pays de Grands Lacs en 2004. Ce pacte sous
l’accompagnement de Puissances occidentales lui a permis de se tirer
de la mauvaise passe d’isolement ou d’étranglement par ses deux
voisins mordants de l’Est.

C’est un des merveilleux et efficaces instruments, dont va se servir
le Président Kabila avec l’accompagnement de la Communauté
internationale pour rétablir un rapport de forces au niveau régional,
où les deux voisins gênants se trouvaient contraints de ne plus
soutenir les rebelles à l’Est du Pays et en retour intensifier la
lutte contre les FDRL et les groupes armés à l’Est du Pays.

Candidat indépendant en 2006 et 2011

Le Président Kabila en tire grand profit aussi bien pour une
sécurisation améliorée dans les frontières à l’Est et une réduction
sensible de l’ampleur des actes de groupes armés.
Après ces trois épreuves politiques, il a été soumis à trois autres
épreuves stratégiques, où il prenait seul le risque de s’engager aux
nouveaux grands défis politiques sans compter nécessairement sur sa
majorité frileuse et pétrie d’insuffisance politique.

D’abord, lors de la première campagne de l’élection présidentielle de
2006, au cours de laquelle le Président Joseph Kabila, candidat à sa
propre succession, s’est présenté comme candidat indépendant à la
grande déception de sa majorité. Et cela lui a permis de se
désenclaver de son enfermement politique et de se libérer du carcan
gênant d’une majorité mal aimée par la population.

C’est dans ce contexte d’apaisement au niveau national et régional
que s’engage la première compétition démocratique au pays depuis près
de 40 ans , à l’issue de laquelle il gagne des élections au second
tour avec une alliance périlleuse tissée sur fond de surenchères, dont
le Palu se taille une place respectable en gagnant la primature et les
quelques personnalités de nouveaux partis politiques issus de
l’opposition armée comme MLC-KLM, PDC et certains partis politiques
soutenus par le Pouvoir tels que PPRD, MSR, l’UNAFEC, l’UNADEF.
Cette stratégie lui a permis de se faire une nouvelle peau politique
et se présenter sous un nouveau profil d’ouverture politique et
d’unificateur de la Nation. C’est dans ce nouveau registre que le
Président Kabila va s’engager pour la pacification du Pays surtout à
l’Est.

Le premier quinquennat du Président Kabila sera marqué par la
poursuite de ces manœuvres diplomatiques et de nouvelles initiatives
de pacification de l’Est du pays, dont les résultats ont permis au
pays de se consacrer aux travaux de reconstruction.
L’embellie économique, grâce à la relance de la production minière et
à la montée des prix de minerais, ainsi qu’à la redynamisation du
Commerce extérieur vers l’Est va lui donner une envergure d’homme
politique engagé à la reconstruction du nouveau Congo.
Il s’en est pris avec détermination, bien que ses principaux
lieutenants politiques, y compris les membres de sa propre famille
biologique n’avaient pas le cœur à l’œuvre de la reconstruction mais
s’activaient plutôt à gagner de jouteuses cagnottes dans les marchés
publics et saignaient les entreprises publiques au point de les mettre
toutes chaos.

Et c’est peut-être là le plus grand obstacle à l’entreprise du
Président Kabila durant son premier mandat, lequel se poursuivra même
avec ampleur durant son deuxième mandat.
Le Président Kabila s’est montré trop flexible durant son premier
mandat, ce qui ne lui a pas permis de gérer l’Etat dans les normes
d’une gouvernance proprement démocratique et technocratique.
Mais il a eu le grand avantage de ne pas trop bousculer l’échiquier
politique encore fragile et soumis aux compromis permanents. Toute sa
stratégie consistait à arborer le bâton et la carotte. Et cela lui a
réussi avec quelques désagréments pour le choix du personnel politique
et pour opérer des bons placements au niveau de postes de haute
responsabilité d’Etat.

Mais au total, la législature de 2006-2011 n’a pas connu de
soubresauts en dehors de mouvements M23 et les FDRL sur le plan
sécuritaire. Il y a eu également une relance remarquée de la
croissance économique, bien que mal repartie et une certaine reprise
de la cohésion nationale et de libéralisation politique, bien que sans
grands effets sur le bien-être de la population.

Cet exercice équilibriste a permis au Président Kabila de s’engager
dans un nouveau programme de grandes infrastructures vers la fin de
son premier mandat pour se projeter dans ce qu’il appelait la
révolution de la modernité, mais laquelle s’est arrêtée
malheureusement net à cause du mauvais choix de managers des
contrats, du manque de supports dans le transfert de technologies par
les partenaires et de l’impondérance de l’économie mondiale.
La principale difficulté pour le Président Kabila est celle de la
maîtrise du champ de manœuvre politique, lequel est resté précaire. Il
n’a pas eu au cours de ce mandat totalement le contrôle de l’appareil
de l’Etat, ses institutions et les entreprises publiques, car cela
lui faisait encore défaut à cause du marchandage partisan et
clientéliste des acteurs politiques.

La preuve la plus patente est la longue durée de certains mandataires
publics, à laquelle se greffent, l’incompétence et la corruption lors
de signatures des contrats du marché public et le caractère paroissial
de positionnement politique.

Malgré ces imperfections dans la gestion de sa mandature, le
Président Joseph Kabila a encore osé se présenter à une nouvelle
compétition pour l’élection présidentielle de 2011 sous le label du
candidat indépendant de sa majorité politique.

Si la démarche lui a valu une victoire pénible, mais il n’a pas
procédé à un passage en force, bien qu’on lui a reproché
l’introduction d’un scrutin unique pour l’élection présidentielle.
Encore qu’il se trouvait entre le marteau et l’enclume, car les
partenaires occidentaux ne voulaient pas contribuer au financement du
budget de l’élection 2011 et que ne pas les organiser lui aurait été
suicidaire.

Malgré la difficile campagne engagée contre tous les grands opposants
autour du candidat Etienne Tshisekedi, encore une fois, le Président
Kabila va gagner l’élection présidentielle grâce aux nouvelles
alliances politiques orientées de nouveau vers les partis politiques
de l’espace-Est, étant donné que PALU, son principal Allié en 2006,
n’a pas fait bon score au niveau provincial et national.
Ainsi, des nouveaux partis politiques de la majorité se sont
manifestés sur la scène politique et cela lui a permis de former un
gouvernement plus détaché de l’ancienne majorité politique.
Du coup, surtout après la triste disparition de l’Ambassadeur Katumba
en 2012 et l’éloignement de Marcelin Tshisambo devenu gouverneur, de
Nkulu et de Kikaya nommés ambassadeurs, ainsi qu’avec l’effacement de
certaines personnalités jadis influentes élus députés comme Boshab et
Lumanu, le Président Kabila se retrouve avec une plus grande marge de
manœuvre pour changer le décor de son entourage proche et surtout
pour recomposer les forces politiques de sa nouvelle Majorité.
De nombreux membres influents de l’ancienne Majorité se sont
retrouvés totalement déboutés au profit de tenants d’une nouvelle
dynamique politique composée essentiellement des technocrates comme
l’actuel premier Ministre Matata, le Vice- Premier Ministre Mukoko, le
Ministre de la Justice, Luzolo celui de Travaux Publics, Fredolin
Kashuisi, celui de Transport Justin Kalumba, la Ministre du
Portefeuille Louise Munga, le Vice-Ministre en charge des Finances,
Patrice Kitebi.

A ces Technocrates, il a joint quelques acteurs politiques, dont les
partis ont fait bon score, notamment ceux du PPRD, de l’AFDC, de MSR,
l’UNAFEC, de l’UNADEF, de l’ARC et de PDC, ainsi que certaines
personnalités comme Mende de CDA, Kin-Kie de Kabila-Désir.
Sur la scène politique, la principale stratégie du Président Kabila
consiste à ne pas trop effaroucher l’opposition et surtout à ne pas
trop lui accorder une grande importance dans l’opinion, à tempérer le
zèle de la majorité surtout dans leurs prises de position publiques
et à leur imposer une discipline de réserve sur les questions
relevant des matières de souveraineté.

La mandature de 2011-2016 lui a valu trois années consécutives de
bonne croissance, mais aussi la manifestation d’un record
d’enrichissement illicite des dirigeants gouvernementaux, ceux de
services publics et d’entreprises d’Etat pourtant devenues
commerciales, ainsi que la multiplication des réseaux de blanchiment
d’argent venus de l’Asie et d’importants transferts d’argent vers les
paradis fiscaux.

Ceci n’a pas permis au Président Kabila de se placer au-dessus de
soupçons dans cette nébuleuse et embarrassante truffe, dans laquelle
se retrouvent ses plus proches collaborateurs et ses membres de
famille. Bien triste ! Mais même là, il n’y a aucune preuve qui
l’accable personnellement. Dieu merci pour lui.

La majorité face à la dissidence

A la troisième année de son dernier mandat surgit le grand débat sur
la reconduction de son mandat jugée contraire à l’article 70 de la
Constitution. La première tentative pour désamorcer la tension
politique commence avec la convocation des Concertations Nationales,
où il tente de se trouver de nouveau alliés du côté de l’opposition.
Mais la démarche est mal engagée et la récupération s’est faite trop
manifeste par le Camp de la nouvelle opposition républicaine. Ses
alliés de la majorité boudent et ils ouvrent une ligne de soft
rupture, surtout après la formation d’un nouveau gouvernement, dont le
camp de l’opposition républicaine se tape la part de lion suivie du
juteux placement en faveur d’une nouvelle fraction de MLC.
Le débat sur la non-reconduction du deuxième mandat ressurgit et
cette fois sous ce prétexte, la majorité éclate avec le départ de
Partis politiques du groupe G7, lequel fait jonction avec Moise
Katumbi ainsi que son frère Katebe Katoto.

Si ce départ n’avait pas eu grand impact sur la scène politique avant
la rencontre de Genval à Bruxelles autour d’Etienne Tshisekedi, il
prend aujourd’hui une tournure fort dangereuse, au motif que ce
nouveau Rassemblement politique de l’opposition tend un piège à Kabila
au cas où il n’y aurait pas élection présidentielle en 2016.
La plus grande bêtise politique de la majorité est celle d’avoir voulu
résoudre une question éminemment politique par un arrêt de la Cour
constitutionnelle, lequel ne pouvait qu’envenimer la situation
politique.

D’abord parce que l’article 70 ne pose pas problème et n’appelle
aucune interprétation comme cela si bien été souligné dans l’arrêt
Rconst 262 de la Cour constitutionnelle, ensuite parce que le
Président Kabila avait déjà amorti le choc en donnant les signes de la
non-reconduction de son mandat en 2016.

La majorité a cru vouloir bien faire, mais elle a doublement gaffé :
premièrement puisqu’elle a gravement réduit la marge de manœuvre du
Président Kabila pour de futures négociations politiques avec
l’Opposition, lors d’un éventuel dialogue national et deuxièmement
puisqu’elle s’est retrouvée ridicule par le fait que l’Arrêt Rconst
262 de la Cour constitutionnelle ne lui a pas du tout donné raison
dans sa requête et lui a signifié que l’article 70 n’appelait aucune
autre interprétation que celle contenue dans la Constitution.

Ensuite, la thèse de continuité de l’Etat soutenue dans cette requête
n’est pas seulement indéfendable sur le plan scientifique, mais aussi
inimaginable sur le plan politique et dans un système démocratique.
Puisqu’elle ouvrirait la voie sur ce qui a été fait pendant toute la
dictature de Mobutu, c’est-à-dire les élections-bidons ou les reports
indéterminés de délais pour la tenue des élections.

Pas de «glissement» pour les députés et sénateurs

Le seul fait intéressant pour la majorité dans cette requête est
celui ayant à l’avantage des députés reconnu qu’ils restent en
fonction jusqu’à l’installation des deux chambres du Parlement. Mais
même là, une institution collective comme le Parlement est bien
différente dans son fonctionnement de l’Institution individuelle. Les
Membres d’une institution collective comme les deux chambres
législatives entrent en fonction lorsque la plénière aura validé leurs
mandats comme des élus, après bien sûr les résultats définitifs des
élections législatives ou provinciales et la résolution des
contentieux électoraux.

Ainsi donc, la prochaine législature commence avec les nouveaux élus
et qu’il est impensable politiquement et inadmissible pour le peuple
souverain qu’en mars 2017, ceux de députés du mandat 2011-2016 qui
n’auraient pas été réélus soit par échec ou par la non tenue des
élections ne peuvent aucunement franchir le Palais du Peuple pour la
prochaine législature 2016-2021. Pensez autrement c’est ne pas avoir
les deux pieds sur terre.

Cela ne veut donc pas dire que les Députés et Sénateurs non élus
après leur mandat de cinq ans peuvent ouvrir une nouvelle législature
sans avoir reçu nouveau mandat électif de la part dde souverain
Cette requête était même inopportune dans la mesure où il ne restait
plus à l’évidence que le débat sur le calendrier électoral, dont
l’arrêt Rconst 0089 de la Cour constitutionnelle avait déjà indiqué
les responsables au cas où il n’y aurait pas élection présidentielle
dans les délais constitutionnels. Il s’agit bien du Gouvernement sous
la conduite du Premier Ministre et de la CENI dont l’arrêt avait
enjoint à l’un de donner les moyens pour la tenue des élections et à
l’autre d’organiser les élections dans les délais constitutionnels.
Et c’est ici encore l’occasion de prévenir les uns et les autres que
l’opposition prévoit deux stratégies majeures : celle d’évoquer
l’article 165, au cas où le scrutin ne serait pas convoqué par la CENI
90 jours avant l’expiration du mandat du Président actuel et celle
d’organiser manifestations massives et continues au cas où il n’y
aurait pas tenue de l’élection présidentielle en novembre 2016.
L’objectif poursuivi par l’opposition est de créer des émeutes
populaires, dont le Président porterait la responsabilité de massacres
et se retrouverait cueilli par la CPI pour retrouver son ancien
protagoniste et envisager ainsi tranquillement une nouvelle transition
sans les deux.

Devant un schéma aussi clair que limpide, peut-on penser que ce qui
est évitable et honorable pour le Président Kabila peut laisser place
dans sa tête à un tel schéma ?

Je pense qu’il y pense sérieusement et comme il proclame déjà qu’il
ne sera pas candidat pour un troisième mandat, peut-il laisser sa peau
pour protéger qui et pour sauver qui, sinon que lui-même.

Les agendas cachés et les rêves

A cette seule présomption, on peut parier que le Président Kabila ne
peut se permettre de rêver comme la Majorité et l’Opposition le
croient. Il risque de les surprendre.

Imaginons parmi ses multiples stratégies, celle qui consisterait à
prendre la Majorité de court en désignant un candidat à sa succession
autre que les prétendants actuels ou celle qui court-circuiterait
l’opposition en déclenchant le processus électoral dans les délais
constitutionnels avec le fichier aménagé de 2011, lequel serait
complété par les nouveaux inscrits avec toute carte physique (carte de
service, carte d’étudiant, carte civile) et non électronique.

La majorité serait en pleurs surtout les prétendants actuels et
l’opposition en débandade surtout les deux grands rêveurs de la
République.

En ce qui concerne les derniers grands rêveurs, il y a lieu de se
poser deux questions. La première est celle de savoir si on peut
penser que la population congolaise, dont près de 60% est constituée
de jeunes entre 18 à 35 ans a vraiment de grands souvenirs du Sphinx
de Limete qui a livré de grandes batailles contre l’une des plus
féroces dictatures d’Afrique.

La seconde est celle d’imager que Etienne Tshisekedi qui a passé une
grande partie de toute sa vie dans l’opposition rude puisse laisser un
pur produit de JUFERI de Kyungu des années 90 et un défroqué du
kabilisme d’affaires prendre sa place à la tête de l’opposition et le
porter gracieusement au pouvoir.

A ces deux questions, on peut donner une seule réponse et c’est la
suivante : c’est vous qui rêvez et ce n’est pas Kabila qui rêve. N’en
déplaise aux chanteurs de la « continuité de l’Etat », car Mobutu
avait aussi ses chanteurs de « Lokuta monene » et moins encore aux
aspirants au « coup d’Etat de la rue ».

Attention ! Si l’Opposition rêve avec ses candidats brancards et
improvisés à la logique marchande et maffieuse, le Président Kabila ne
rêve pas et il est un calculateur froid !

Quand on refuse le dialogue national, il faut avoir une deuxième
carte réfléchie et acceptable par le peuple et par la communauté
internationale, car le Président Kabila ne se fera jamais hara-kiri
avec le bilan modérément coiffé de son mandat.

Le Président Kabila a bien un regard rétroviseur sur la fin des
mandats de Présidents Joseph Kasavubu, Joseph Désiré Mobutu et Laurent
Désiré Kabila. Sûrement il ne se fera pas un troisième Joseph liquidé
et un troisième Président non désiré dans l’histoire du Congo.
Penser à s’octroyer une légitimité hors vote démocratique et hors
dialogue national est une option fort hasardeuse comme celle de croire
qu’on arrivera au pouvoir par voie de troubles des rues à travers le
pays ou celle de l’incarcération du Président Kabila en faute à la CPI.
Cela s’appelle vendre la peau du loup avant sa mort. Car, si Kabila
se rebiffe et se retrouve Président du Sénat, on fait quoi ? Il gagne
encore et encore ! Ayons à l’esprit que le Président Kabila est
constitutionnellement Sénateur, bradé d’une immunité à vie, sauf pour
des cas d’infractions de droit commun confirmés par la Cour
constitutionnelle. Et s’il s’organisait pour passer Président du
Sénat, il est la seconde personnalité institutionnelle de la RDC. Que
la Majorité et l’Opposition le sachent et se le disent !


Jean Marie Kashama Nkoy
(C.P.)

http://7sur7.cd/new/attention-ne-revez-pas-kabila-est-un-calculateur-froid/

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