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Dans ce blog, il sera question de publier toutes les réflexions, articles, commentaires et opinions à caractère socio-économiques, politiques, culturels et religieux.


INVESTITURE DE TSHISEKEDI: peut-on éviter le bain de sang ?

Publié par Gabriel MANZUKULA Mjrrdcongo sur 23 Décembre 2011, 13:58pm

Catégories : #Actualite

Que va-t-il se passer aujourd’hui à Kinshasa ? Les yeux sont tournés vers la République démocratique du Congo (RDC), en passe d’être dirigée par deux chefs d’Etat qui revendiquent chacun la victoire à l’issue du dernier scrutin présidentiel. Après l’investiture de Joseph Kabila en début de semaine, voilà son challenger, l’opposant historique Etienne Tshisekedi, qui entend également se faire investir dans la journée. 

De quoi craindre un bain de sang. Jamais le suffrage des électeurs n’aura autant marqué l’histoire de ce pays qui se trouve devant un bicéphalisme déroutant. Dans chaque camp, on se dit déterminé. La confiance règne, car l’on est sûr de disposer d’une stratégie efficace. La journée s’annonce donc comme une épreuve pour chacun des deux belligérants. Certes, la capitale du Congo démocratique est réputée être le fief de Tshisekedi. Des tracts de son parti, l’UDPS, y ont circulé ces derniers temps, donnant rendez-vous aux Kinois pour une cérémonie, ce vendredi à 10h au stade des Martyrs. Mais, à plusieurs reprises, les autorités ont rejeté cette initiative. 

Le camp Tshisekedi lui, n’y a pas renoncé. Mais, avec quels magistrats, quels fonctionnaires, quelles forces et devant quelle presse Tshisekedi va-t-il réaliser son ambitieux plan ? Parviendra-t-il vraiment à mobiliser les Kinois en sa faveur ? Que pourront ses partisans face à l’armée de Kabila fils qui a entrepris de quadriller la ville ? De quel subterfuge usera-t-il pour parvenir à ses fins ? C’est tout un symbole que de voir le vieux Tshisekedi, représentant idyllique de la vieille garde, monté aujourd’hui aux barricades. Ceci, bien des décennies après le départ simulé du colonisateur belge et le cruel assassinat de Patrice Emery Lumumba. 

Les ennemis de l’ancienne possession personnelle du Roi des Belges, avaient tout fait pour qu’échouent ses tentatives de bâtir dans l’unité et la paix un pays, maître de son destin. Après des décennies de règne du dictateur Mobutu, l’épisode sanglant du démagogue Laurent Désiré Kabila, l’on avait espéré que le fils de ce dernier, Joseph Kabila, saura enfin réconcilier les Congolais et tourner le dos à la mal gouvernance. Erreur. Sa jeunesse, son inexpérience, semblent lui avoir joué de vilains tours. Lui aussi est devenu victime de la boulimie du pouvoir comme tant de dirigeants africains dont l’Afrique ne s’accommode plus. 

Propulsé par le destin à la tête de ce pays riche, immense mais combien fragile, jamais Joseph Kabila n’aura su faire preuve de leadership vrai. De sorte que la RDC qui chemine sur fond de mésententes et de troubles, traîne aujourd’hui de l’arrière, au grand dam de ses populations et de tout le continent. Pauvre peuple congolais qui, en dépit de ses immenses richesses, n’aura finalement jamais connu de bonheur depuis son indépendance en 1960. En ruant continuellement dans les brancards, face à un adversaire de loin son fils, Tshisekedi montre sans doute son désir de le « corriger ». Mais l’opposant historique confirme aussi qu’il appartient à un passé que les Africains voudraient vite oublier : celui des éternels dirigeants et uniques candidats du parti, les seuls capables de gérer le pays, ses hommes et ses femmes. 

Précurseurs de la pensée unique, ces gens ne pensent habituellement qu’à eux-mêmes. Convaincus d’être les seuls à détenir la vérité, ils préparent difficilement la relève. Jouez au dauphin et on vous fera avaler vos ambitions avant de vous briser les reins. Tout comme Kabila fils, Tshisekedi est loin de prêcher par le bon exemple. Le simple fait de traiter son adversaire de « Rwandais », montre qu’il est un adepte de la « congolité », ce virus qui dévore ceux qui s’accrochent à un nationalisme d’arrière-garde. Tout comme Joseph Kabila, il ne paraît donc pas en mesure de conduire les Congolais vers un meilleur destin. 

Cela peut aussi expliquer la tiédeur des observateurs internationaux. Ceux-ci auront d’ailleurs eu le tort de n’avoir pas dit le fin mot de leur évaluation de la situation : il faut disqualifier ces deux candidats, et trouver le moyen de reprendre les élections sans leur concours. Une fois de plus, l’ambivalence de la communauté internationale pose problème . Pourquoi n’avoir pas tranché face à un régime de type Kabila fils ? Que nous réserve ce duel, si ce n’est le risque élevé d’une confrontation sérieuse avec des dégâts collatéraux ? La boucherie semble assurée, puisqu’un régime du genre de celui de Joseph Kabila ne reculera devant rien pour défendre ses privilèges. Jamais cet homme n’admettra de faire courir à la RDC le risque d’un bicéphalisme. 

Dans leur manœuvre, les militants pro-Tshisekedi ont entrepris d’occuper les ambassades de pays qu’ils estiment sans doute sympathiques à leur égard. Peut-être est-ce compromettant pour leurs Excellences ! Mais, au regard des circonstances, que ne ferait-on pas pour attirer le regard du monde ? Si les Congolais s’en montrent incapables, qui donc empêchera la RDC de s’enfoncer dans la crise ? Parviendra-t-on à éviter que ne s’organisent ici et là des poches de résistance ? Quelles énergies saura-t-on déployer afin que ne resurgissent de sempiternelles velléités de sécessions dont ce pays a toujours été victime ? Mais surtout, que fera l’armée ? 

Se rangera-t-elle toujours du côté de Joseph Kabila ? Ou finira-t-elle par se diviser au profit de Tshisekedi qui est dans son fief, Kinshasa, et qui se vante d’avoir gagné le suffrage des électeurs congolais ? En tout état de cause, tout doit être fait pour éviter ce bain de sang qui a souvent illustré les fins et les débuts de règne en Afrique. Il faut éviter de réveiller les vieux démons, et plonger le pays dans une mare de sang comme ce fut récemment le cas en Côte d’Ivoire où deux camps rivaux se sont disputé âprement le pouvoir. Une médiation internationale de dernier recours paraît donc indispensable. Dans le cas contraire, ce terrible bras de fer, véritable défi pour chacun des protagonistes, peut mal se terminer.



 

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